22/08/2009

Café - Kiwi

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Café (Cocktail d’amour fort ou éphémère)

By Kiwi


Chambre de Louis, 20h45 (jour 0)

  • Mon petit Ziprianounet d’amour ne m’aimera jamaaaaaaaaaaaaaais ! hurla Marius en explosant en pleurs.

Louis quitta le tableau de Sire Cédric des yeux pour regarder d’un air dramatico-mélancolique son acolyte.

  • Il est certes des amours destinés à ne jamais être comblés et à laisser nos cœurs enflammés se consumer d’eux-mêmes tels des papillons noirs se frottant de trop près aux lampes anti-moustiques.

Ceci fit redoubler d’intensité les pleurs de Marius.

  • Allons, allons, mon ami ! fit Louis en adoptant une pose théâtrale. Vous ne pouvez vous abandonner à ce désespoir abyssal qui emplit votre cœur en absence de l’être aimé, sans quoi vous finirez tel le jeune Werther…

Marius sécha ses pleurs dans les draps en simili-soie de Louis. Il jeta un regard larmoyant audit Louis, qui semblait figé dans sa pose. Puis il se releva, brandit son poing devant lui et s’exclama :

  • Ouais ! T’as raison, je vais le faire tomber amoureux de moi !

Louis se lança alors dans une longue tirade sur l’amour, puis sur la mort, puis sur les papillons.


Ruelle sans nom, 13h15 (jour 1)

Marius – sa capuche sur sa tête – avançait dans l’étroit passage qui se tortillait entre deux immeubles misérables. Il finit par arriver devant un petit escalier qui menait à une porte ; qui avait été peinte en vert dans des temps immémoriaux, et il ne restait de la peinture que quelques écailles çà et là. Après avoir bien vérifié que personne n’était dans les environs, Marius entra. La boutique était très spéciale : des bocaux traînaient un peu partout, des têtes rétrécies pendaient au plafond accompagnées de gris-gris étranges. Marius s’avança jusqu’au comptoir et patienta.

  • Oui ?

Marius sursauta. Ce qu’il avait d’abord prit pour une chouette sculptée était en réalité une vieille femme.

  • Bonjour, murmura-t-il, un ami m’a conseillé votre… échoppe.

  • Qu’e’c vous v’lez ?

Marius baissa encore la voix et dit sur le ton de la confidence :

  • Notre ami commun m’a dit que vous vendiez des… philtres d’amour…

La vieille ouvrit ses grands yeux globuleux et alla farfouiller dans un coffre plein de… de… choses. Elle revint avec une petite fiole contenant un liquide transparent.

  • V’là ma dernière ! Du vrai cocktail d’amour fort ou éphémère !

  • Très bien… Combien ?

  • J’m’en sépare eud’ça pour cent-cinquante roupies, pas moins !

Marius ouvrit son porte-feuille et sortit cent-cinquante euros, qu’il glissa à la vieille femme. Celle-ci renifla les billets, puis donna la petite fiole à Marius.

  • Et… comment ça marche ?

  • Eh ça, c’est cent doublons eud’plus !

Marius soupira, leva les yeux au ciel et dit adieu au magnifique T-shirt qu’il avait repéré dans un H&M en venant. Il paya.

  • Bon, alors, fit la vieille vendeuse, la r’cette magique c’est le cont’nu d’la fiole versé dans une boisson que la personne visée aime, plus un cheveu eud’la personne à aimer. Pour un amour fort ajouter une goutte eud’jus d’citron, pour un amour éphémère une goutte eud’lait. Plus la goutte est acide plus l’amour s’ra fort.

Marius nota toutes ces informations dans sa tête en souriant tel un grand vainqueur.

  • Donc si je mets une goutte d’acide sulfurique, l’amour sera éternel, c’est ça ?

  • Bah oui c’est c’que j’ai dit ! s’énerva la vieille femme.

  • Et une goutte de détergent…

  • Pas plus d’une heure !

Marius sourit et décida d’utiliser une goutte de jus de citron, l’acide sulfurique étant trop difficile à trouver.

  • Bien, merci beaucoup !

La vieille femme grogna quelque chose et Marius sortit de la boutique.


Starbucks Coffee du coin, 16h27 (jour 2)

Ziprian regardait Neil servir un frappucino d’un air profondément énamouré. Même le bruit des doigts d’Ovide martelant le clavier de son ordinateur portable ne le troublait pas. Il soupira, tout en langueur.

Soudain, une main velue se posa sur son épaule. Ziprian poussa un cri suraigu et se retourna, en même temps qu’Ovide levait les yeux de son ordinateur.

  • Bonjour Zipprianounet ! fit Marius en souriant de toutes ses dents.

Zip eut un mouvement de recul. Délicatement il tenta de balayer la grosse main de Marius de son épaule mais rien n’y fit.

  • Je peux t’offrir un verre ?

Il tendit un frappucino au café à Ziprian, qui répondit en grimaçant :

  • Non, merci. J’ai déjà à boire, tu vois ?

Il désigna la boisson qui était devant lui. Marius continua, sans être décontenancé :

  • Oui mais cette boisson-là est spéciale, ma poule !

Neil arriva, sa fleur en mode « agressive »

  • Zip, est-ce que lui encore embêter toi ? Je vais devenir mad encore !

Automatiquement, Marius fit un bond en arrière et leva ses bras pour se protéger.

  • Nooon ! Je veux juste offrir ce café à Zip, laisses-moi en viiie, par pitiéééé ! hurla-t-il.

Neil jeta un coup d’œil au café, dont il s’empara.

  • Très bien, moi goûter d’abord pour pas Zip empoisonné !

  • Nooooooooooon ! fit Marius en se jetant sur la boisson.

Et là, il se passa plein de choses. Tout d’abord, Marius percuta Neil. Marius ayant bondit, son visage se trouvait au niveau de celui de Neil. Leurs lèvres se rencontrèrent. Puis, le café s’envola. Il fit plusieurs tours dans les airs. Enfin, pendant que Neil repoussait violemment Marius d’un coup de poing dans l’estomac, le contenu du verre se déversa sur l’ordinateur d’Ovide.


Ordinateur d’Ovide, discussion msn, 16h30 (jour 2)

Scar is mad dit :

Ouais attend, tu l’as pas encore ta robe de seigneur de guerre mon pote, tant qu’ils sont pas en couple officiel ça compte pas !

I’m the Bat Man dit :

Ça va pas tarder je te dis !

Scar is mad dit :

Bien sûr…

I’m the Bat Man dit :

J’aime Marius !

Scar is mad dit :

QUOI ?!

I’m the Bat Man dit :

Marius est beau, Marius est grand il a des cheveux merveilleux !!!

Scar is mad dit :

Eh, qu’est-ce qu’il se passe mon gros ?

I’m the Bat Man dit :

B

I’m the Bat Man dit :

J’aime Marius !!! Je veux être avec lui tout le temps, il est si romantique et musclé, je l’aime tellement !!!

I’m the Bat Man dit :

U

Scar is mad dit :

?

I’m the Bat Man dit :

G

I’m the Bat Man dit :

Marius, c’est l’élu de mon cœur ! Ma seule et unique âme sœur ! Il est si beau et grand ! Je l’aimerais toujours autant !


Starbucks Coffee du coin, 16h35 (jour 2)

Ovide essuya son ordinateur avec une serviette tandis que ce dernier continuait à déblatérer toute une prose stupide à propos de Marius. Ledit Marius subissait d’ailleurs l’assaut enragé de Neil qui ne se remettait pas d’avoir été embrassé par un « mec chiant so cwétin ! ». Zip était figé – d’horreur ou d’étonnement, impossible à savoir – et regardait d’un air absent la scène qui se déroulait sous ses yeux (à savoir : Marius qui hurlait « Louiiis ! à moi ! » et Neil qui l’écrasait littéralement).


Chambre de Ziprian, 19h56 (jour 3)

  • Je t’assure ! Quatre-vingt-dix pages Word ! s’exclama Ovide. Regarde !

Il montra à Ziprian le roman que son ordinateur avait écrit sur Marius.

  • Je ne comprends pas ce qu’il se passe, couina Ovide. Mon ordinateur chéri…

Il regarda l’engin avec des yeux remplit de larmes et – soudainement – une fenêtre s’ouvrit. Dwayne.

  • Aujourd’hui, des révélations extraordinaires sur Ovide Gauthier dit Ovide Mulder The Lone Gunman !

Ovide pâlit instantanément.

  • Ovide a fait son comming-out hier, et il a avoué son amour pour Marius !!!

La discussion entre Ovide et Scar s’afficha à l’écran tandis que la peau de geek vaguement bleuâtre d’Ovide virait franchement au blanc total, devenant plus pâle que Ziprian.

  • Dwayne chériii ! Question pour un champion vient de commencer, descend viiite !

  • M’maaaaan ! Je t’avais dit de ne pas me déranger !!!

Pendant qu’Ovide restait blanc comme un linge, Bixti débarqua dans la chambre, un curieux rictus aux lèvres.

  • Ovide ? commença-t-elle.

L’interpellé ne réagit pas. Ziprian passa sa main devant ses yeux. Aucune réaction.

  • OVIDE !!! rugit Bixti.

Ce dernier cligna des yeux.

  • Il dit vrai ? demanda Bixti.

  • Bien sûr que non ! répondit Zip. C’est l’ordi d’Ovide qui débloque depuis l’épisode du café…

  • Mais oui, et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d’alu…


Ruelle sans nom, 20h45 (jour 3)

  • Bonjour ! fit Marius. C’est encore moi. Vous n’auriez pas un peu de cocktail d’amour en rab’ ?

La vieille femme rouspéta :

  • J’vous ai déjà dit qu’c’était mon dernier flacon ! Z’êtes sourd ou quoi ?

  • Euh… Vous pourriez vous en procurer ?

  • J’peux en préparer, ouais.

  • Génial ! Et pour quand ?

  • Revenez dans dix ans, ce sera prêt…


Chambre de Louis, 00h28 (jour 4)

  • Mon petit Ziprianounet d’amour ne m’aimera jamaaaaaaaaaaaaaais ! hurla Marius en explosant en pleurs.



Fin










Kiwi pour le thème "Café"

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1 commentaire:

Senjak a dit…

Quel complot diabolique !
Ma lecture a été un peu perturbée par l'absence totale de ponctuation spécifique au dialogue, mais à part ça, j'ai trouvé l'idée de l'amour fou de l'ordinateur d'Ovide pour Marius tout à fait hilarante. Pauvre petit geek.