22/08/2009

Cher Journal... - Moko

ANGEMORT


Journal intime de Louis Luterne.
A un instant post mortem du lendemain, le 25/07/09.



Mon égocentrique palimpseste.

Mon coeur saigne tel une âme en peine. Mon radeau de la Méduse s'écrase dans tes pages blanches.

En ce crépuscule même, j'ai accueilli en mon esprit une triste nouvelle : Ziprian et Marius demeurent purs comme des enfants l'un envers l'autre. Mon cher ami breton, tel un pirate de l'amour par effroi de la syphilis, n'a pas osé accaparer le cœur et le corps de son aimé. Comme je l'entends bien, et c'est tout en son honneur. Comment aurait-il put faire autrement ?

« Le caoutchouc entre nous vient s'immiscer dans nos ébats
et hélas, trois fois hélas, il n'en avait pas. »

« Mais à l'aurore d'un nouveau jour,
tel deux anges destinés l'un à l'autre,
ils se retrouveront dans la ville de l'amour
comme si c'était le nôtre »

Ah, cette romance m'inspire comme l'apex d'un croissant de lune. Dans mon spleen quotidien, Marius est l'idéal et le paradygme de l'homme, du vrai. Je ne saisis pas le goût de Ziprian pour l'ersatz de satanisme écossais qui lui sert de compagnie.

Son anosognosie ne durera pas et Vénus lui tiendra la main et le dirigera du bon côté de la rivière, j'en suis persuadé.

Et moi, dis tu ? Et moi ?

Mon émoi ne sait pas de quel côté de la rivière je suis, Aphrodite ne me désire pas dans ses brebis. Je regarde l'amour, je ne le fais pas. Ma douce et tendre maternelle m'invective, me rassure mais je ne vois qu'elle en mon œil droit et Marius en mon œil gauche.

Oeudipe, dis tu, Oeudipe ?

Alors je n'aurai qu'à me crever les yeux comme un vampire se perce le cœur et me reposer dans ma réelle rivière : le stix, fleuve de l'ennui et de l'oubli. Et je continuerai de professer mon romantisme noir à l'encre de chine.

« A la lueur des bougies,
Je me sens mourir.
Tel une pomme pourrie,
Je me sens dépérir.
A la fin, je souris,
tel un vampire. »

Tu le vois, mon émoi est tout retourné, oh mon interminable ami de papier. Mais cela me permets de gratter de ma plume d'oie tout cet émoi qui est en moi.

Alors mon auto-fiction progresse tel une plume emporté par le sirocco. La situation initiale est posée, les lycanthropes guerroient les barons de la nuit. Moi, mi loup sauvage, mi vampire tente de rasséréner les belligérants et y réussit avec brio par mon talent . Ma parabole s'inspire évidemment de mon las quotidien entre ma mère, noble femme, et mon père, misérable homme.

Dans mon intrigue autobiographique, j'ai judicieusement disposé un hommage à Marius à travers un personnage de loup-garou. Disposant d'une incroyable fourrure douce et soyeuse aux poils raides et bouclés, il est doté d'une longue queue enflammée. Soudain, il rencontre un vampire blanc comme la neige, aux yeux rouges tel l'hémoglobine. Souvent victime des autres créatures car elles désiraient lui téter les doux globes oculaires, mon doux compagnon s'interpose et le sauve d'un renard-garou en kilt et d'un frankestein robotique aux lunettes carrés.

Avec virtuosité, j'argue mon discours d'amour et de paix sur ce couple modèle, mixte et tolérant. Ils se donnent le baiser et je clos mon œuvre par l'intense passion des deux créatures nocturnes. Demeure la prose mais cela ne saurait tarder avant que Marius atteigne mon éloge et mon roman, les salons parisiens.

Je m'en vais quérir l'astre lunaire pour chercher l'inspiration.

Ton Sire Luterne.


L..L







Moko pour le thème "Cher Journal..."

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3 commentaires:

Senjak a dit…

Impressionnant, écrire tout ça de cette façon, ça a du être du boulot, tu m'en vois admirative.

Unknown a dit…

Elle est excellente cette fic ! Vraiment, j'adore. C'est très drôle et pompeux à souhait !

mokidou a dit…

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, deux commentaires positifs xD

En tout cas, merci beaucoup, ça m'a fait plaisir !