22/08/2009

Mariage agité - Léon

La nuit est silencieuse, noire et chaude comme un frigo en panne. Sur la molle et douce moquette, des pas s’étouffent lentement. Il n’est pas très tard, mais les grands sont de sortie, si bien que, Bixti, redevenue enfant, trouve que la nuit parait être revenue a ce temps précieux où elle était encore un domaine inaccessible, secret. Avec un sourire si léger, si rare, Bixti se glisse devant la télé, semblable à un serpent elle tend une main fine et pour une fois, un peu féminine. Presque honteuse, elle allume le poste et fronce un sourcil, grince des dents pour couvrir le claquement des photons sur l’écran ancien. Le plaisir interdit, l’amertume du danger la fait frémir alors qu’elle cherche presque frénétiquement la bonne chaine. Juste à temps, elle trouve RTL9, et voit le bandeau titre se briser comme le couple dépeint dans cette fiction de bas étage.

Les bras croisée sous elle, la main collée sur son torse nu, brillante de sueur face à la lumière bleue, elle écoute avidement comme un enfant boit après avoir couru sous un soleil de plomb, les paroles du placide faux présentateur de « Cas de Divorce ».

« Nous somme au tribunal des divorces, présidé par le juge François. Aujourd’hui, Mr.Bernot, imprimeur, demande le divorce à Mme Bernot, mannequin. Il l’accuse d’entretenir une liaison avec son ami et photographe, Mr.Sabin ».

« Maitre Laval, vous pouvez appeler votre client ».

Devant la porte, Ziprian et Ovide, passablement éméchés, se font un « chhuuutt »mutuel avant de tourner la clé dans la porte avec un clic-clac léger. Sur la pointe des pieds, ils rentrent dans l’appartement, et découvrent la grande sœur à demi-nue, fascinée par le scandale de l’affaire Bernot contre Bernot.

« Il avait un magazine, érotico-pornographique. En couverture, une femme en porte-jarretelle et culotte de dentelle, mais…Aucune classe hein, aucune classe ! Et bien cette femme, c’était MA femme ! »

Ainsi que savent le faire tous les petits frères, Ziprian s’approche dans l’ombre, trouvant sa sœur en transe devant le conflit marital, un sourire malsain à faire pâlir Lucifer découpe son visage blanc comme une silhouette de papier. Il hésite à parler, mais préfère rester encore dans les ténèbres et l’inconnu, jubilant de découvrir le visage derrière le masque de métal de sa sœur. Dans la lumière de l’écran, sa peau est bleue, clignotante, sa nudité parait presque naturelle tant elle semble inhumaine. C’est vrai qu’il fait chaud, trop chaud pour enfiler un t-shirt.

« Mr. Bernot, dans ce fameux roman photo que vous avez trouvé…La femme ne portait elle pas un masque ? »

La percevant si vulnérable, si passionnée devant ce couple qui se dévore par avocat interposé, souffrant d’un amour cannibale porté a son paroxysme. Ziprian est déchiré par la tentation de ruiner ce plaisir. Ovide ne pipe pas un mot, et avec des pas lent, vient s’asseoir près d’elle, et se plonge a son tour dans l’affaire. Ziprian de lever un sourcil, à la fois surpris et malin.

Il commence à dire quelque chose, l’air très fier de sortir une catch-phrase qui tue (« alors comme ça… » mais Ovide le coupe avec un « Ta gueule ! ». Bixti rajoute « 30 eurak pour 80% du patrimoine, le domicile et 3000 franc de pension ». Ovide répond « tenu ».






Léon pour le thème "Mariage agité"

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1 commentaire:

Senjak a dit…

C'est bien leur genre à tout les deux, tien. Et les petits frères, c'est le mal.
Sinon, j'aime beaucoup l'usage que tu as fait du thème, c'est original et très adéquate.